Partir d’une feuille blanche et imaginer une solution d’avenir,  voici le challenge que relève Viviane Pasqui depuis près de 20 ans en développant un déambulateur robotisé. Viviane avec une persévérance hors du commun a donné naissance à Walk-E, un projet de recherche devenu produit. J’ai échangé avec Mme Pasqui et essayé de comprendre comment une maître de conférence de vingt ans d’expérience a finalement été amenée à se lancer dans le monde des affaires.

Chapitre 1 : Recherche

A la suite d’un bac scientifique, Viviane s’oriente vers des études universitaires. Elle passe par la mécanique, l’électronique et finalement la robotique en post bac+5. « Ce sont en partie les livres d’Isaac Asimov qui m’ont projetée vers la robotique » m’explique Viviane avec un regard rêveur.

Inspiré par les réflexions de l’écrivain russo-américain notre future chercheuse trouve un monde qui l’inspire. Un monde qui va lui donner la possibilité deux ans plus tard d’écrire une thèse sur la robotique industrielle. Quelques années plus tard, elle devient maître de conférence. Par ses qualités de chercheuse, elle ouvrira une nouvelle branche de recherche à l’ISIR (Institut des Systèmes Intelligents et Robotique) en robotique d’assistance et rééducation. “Quand on parle d’assistance robotique, on imagine toujours le robot qui va discuter avec l’humain mais rarement celui qui l’assiste physiquement“.

Cependant, c’est précisément là que Viviane observe un manque. « Mon objectif est de rapprocher la science du vivant et la robotique ». C’est suite à la rencontre avec Pierre Rumeau, gériatre à Toulouse dans les années 2000 que l’aventure Walk-E débute. C’est l’histoire d’un duo complémentaire, qui va réfléchir ensemble pendant des années sur la confection d’un déambulateur intelligent. Pierre identifie les besoins et Viviane trouve les solutions techniques.

« Au début, on commence par des campagnes de mesures ». Ils mettaient des capteurs entre deux planches et allait directement auprès des patients pour prendre des mesures et comprendre réellement les besoins. « Cela n’avait rien à voir avec un déambulateur ». Quatre ans plus tard, à l’initiative d’un projet collaboratif financé par l’État, Viviane  travaille avec des entreprises afin de réaliser les premiers prototypes. C’est après 15 ans d’expérimentations, de prototypes, de ratés et de réussites que le projet de recherche arrive enfin à son terme.

Chapitre 2 : Changement

Au même moment, sous l’encouragement d’un collègue, Viviane se présente en 2015 au concours mondial de l’innovation. Cette initiative est un « turning point » comme disent les anglo-saxons. Elle remporte le concours, reçoit une belle subvention et y voit l’opportunité de donner davantage de sens à cette aventure. C’est à ce moment-là que Viviane lance sa start-up « Gema-Life » avec pour objectif de mettre sur le marché Walk-E.

Chapitre 3 : Transition

De chercheuse à cheffe d’entreprise « il n’y a rien de commun ». De fait, quand on rentre dans le monde des affaires, les notions économiques et de gestion font partie du jeu, et il faut savoir composer avec. Selon elle, leur plus grande difficulté a été de transformer un prototype de recherche en produit commercialisable. Il aura fallu 5 ans de développement et l’arrivée de deux business angels à GEMA-LIFE pour arriver à « proposer le premier déambulateur-verticalisateur intuitif » dit Viviane avec fierté.

Cette histoire, qui continue de s’écrire aujourd’hui, permet de relater la persévérance de Viviane Pasqui, l’achèvement et la mise en projet de ses idées. Un parcours fort d’apprentissage puisqu’initialement voué au domaine universitaire mais qui finalement transforme Viviane en cheffe d’entreprise. Outre la ténacité, et la volonté qui animent Viviane, c’est surtout la croyance inusable en ses idées qui lui permet d’arriver jusqu’au bout de ses rêves.